19.9.06

un monde (5)

dessin d.m.


Même au cœur
insondable
de la nuit
la magie érigée
du géant
titille
délicieusement
sournoisement
les appétits
sans défense
des dormeurs
agités
de rêves
copulatoires.


Silencieusement
furtivement
à la lumière
poudreuse
voletante
d’une lune ensommeillée,
quelques femmes
emmitouflées
de laines sombres
se hâtent
comme de petites
souris apeurées
jusqu’au tronc
magnifique,
le contemplent
le soupèsent
le hument
se collent à lui
entrouvrent
leur vêtement de fourrure
appuient leur ventre béant
leur ventre
hurlant de faim
à l’érection
infatigable
inextinguible
jaillie
du fond du monde,
se frottent
s’arrachent la peau
aux dents
joueuses
des écailles
du bois
et furieusement
passionnément
impudiquement
inondent ses racines
des sources vives
de leur jouissance.






dessin d.m.



Tendrement
haletantes encore
de plaisir
elles murmurent
à ce dieu végétal
des mots fous
des mots de bonheur
simple,
lui adressent
des prières
qui portent des rêves
de ventres pleins
de ventres ronds
et de chasseurs
bandés comme
leurs arcs
que l’on mettrait
la nuit
à braconner
au creux
de son jardin
dévorant
et fertile.







dessin d.m.





Certaines,
agacées
de la mollesse
décevante
de leur homme
arrachent
à l’arbre complaisant,
de leurs ongles
savamment endurcis,
quelques bribes
d’écorce poivrée
dont la décoction
secrètement diluée
dans quelque mets
relevé d’épices et d’herbes
redonnera à l’homme oublieux
sa force d’autrefois
et rallumera
dans les yeux
de la femme
des braises
endormies.



« Des hommes sont venus »
Texte déposé à SACD/SCALA





av 5 suit

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Dans chaque corps de femme, sommeille le souvenir de la Mère Terre...
Elles pressentent instinctivement que là, au coeur de l' arbre, sommeille la sève précieuse porteuse de l' assurance d' une progéniture désirée...
L' écorce héberge les substances précieuses...
Heureusement que les hommes ne résistent pas à la bonne chère...

Anonyme a dit…

Dans chaque corps de femme, un germe d'oasis qui hurle à la Vie, à la Vie!
Heureux de ton retour, Kaïkan !