17.9.06

un monde (3)


  


dessin d.m.



Mais, petites choses
agaçantes et
croquantes,
que n’êtes-vous restées
au sûr abri des nids
et des ruches ?
Cinglants
foudroyants
empaleurs de mouches
et siffleurs d’asticots,
mille espèces
d’oisillards
s’égosillent
au bonheur viandard
de la chasse
au vol plané
au vol fondu
au vol piqué ;
c’est un festin
pour ventres à hélices
pour estomacs à réaction.
Et dans quelle joie
et dans quelle bonne humeur !
Ça stridule
à toute volée
ça s’interpelle
de nichée en nichée
du fin haut du ciel
ça vous dégringole
raide
dru
impitoyable
gorge à l’air
aspirant, happant
par nuages
l’hyménoptère volage
et tellement occupé
à butiner
les croupes
haut perchées
des biches
tièdes.


Pelotonnées
l’hiver,
agglutinées
soudées par grappes
respirant à peine
et d’un même rythme lent
quelques gouttes
d’air fade
sous une couette
de feuilles sèches
aux creux
des branches,
des tribus
de petites boules de poils
s’agitent
miraculeusement
aux premiers rayons
printaniers.

Ça sort
comme pour
la première fois
le nez
hors du nid,
ça s’éclate les yeux
de lumières
kaléidoscopiques
et la fourrure
de brise coquine,
ça sent
comme une brûlure
au plus profond
du ventre,
ça détecte soudain
des filets ondoyants
de lourds parfums
musqués
et tout ce monde
chavire alors
en un gigantesque
tourbillon
de poursuites
effrénées,
de manèges
vertigineux,
de chevauchées
perforantes,
de rencontres
déchirantes
mordantes,
de chutes
échappatoires,
de remontées
fulgurantes,
de reniflages
inquisiteurs,
de roulés-boulés
cascadants,
d’acceptations
de pénétrations
furieuses et
libératrices.
 





 dessin d.m.



 
Les ventres douillets
se referment
enfin
dans lesquels
les vivantes
lactances
se donnent
à fusionner
en d’autres
et d’autres encore
petites boules de poils
dormeuses
puis frénétiques.


La nature toute entière
est prise
de la grande fièvre,
le charivari
retourne
toute matière
vivante.

Et l’homme donc !

 

 
"Des hommes sont venus" texte déposé à SACD/SCALA.

 
  


av 3 suit

4 commentaires:

Anonyme a dit…

L' éveil des sens...
Primitif, nourricier, de survie de l' espèce...mus par une nécessité inscrite en l' être depuis la nuit des temps...
Et il est vrai que ce spectacle a beaucoup à nous apprendre...
Coïncidence ;-)
J' ai trouvé la semaine dernière au Marché aus Puces ( j' adore ce nom), une revue qui reprenait les différentes formes de becs d' oiseaux et de leur fonctionnalité...
Je suis un peu déconcertée par ton passage aux " boules de poils" et ne sais plus si tu parles d' oiseaux ou de mammifères...
Mais tu replonges au nid...
Puis à nouveau aux boules de poils...
J' étends alors ma vision au monde animal dans sa totalité... Et je pense au cerf en rut...
Juste cette petite remarque car j' aime, dans ce conte rester au plus proche de tes mots, Hombre...
Peux-tu éclairer ma lanterne...
Remarque, l' extrapolation ne me dérange pas, au contraire...
Qu' éveillent en nous les mots déposés?
A nouveau, ce questionnement du sens donné et reçu...
Bonne journée à toi, Hombre...

denis Marulaz a dit…

Tu me surprends souvent , Kaïkan et de temps en temps au sujet de choses qui me paraissent allant de soi. Moi, je ne suis pas un scientifique mais un poète. Mon texte n'est pas une étude circonstanciée de la vie d'une niche écologique mais un conte poétique et métaphorique. Par exemple, dans ce moment de vie de mon arbre, comme dans n'importe quel arbre, on découvre une multitude d'êtres vivants, insectes, bêtes à poils, bêtes à plumes, asticots, je ne cite même pas l'espèce, ça n'a pas d'intérèt... mon oeil d'observateur emmerveillé passe d'une scène à l'autre, comme au cinéma, de l'oiseau "viendard" qui poursuit une mouche, au petit nid douillet où se blottit une famille de petits rongeurs que chatouille tout d'un coup l'envie de se lancer dans de chaudes galipettes... Pour ce qui est du "nid", ce mot englobe (en tout cas dans le langage commun) l'abris des oiseaux mais aussi de certains mammifères (nid de rats...) d'insectes (nid de guêpes, de fourmis) de reptiles (nid de vipères ) et d'Humains (petit nid d'amour...). Dans la poésie, ce n'est pas obligatoirement le terme scientifique qui compte mais l'image évoquée et celle du nid me semble la plus appropriée pour figurer la douce chaleur familiale, la protection, le lieu intime, la paix. Tiens, si je te dis "cocon", penses-tu obligatoirement larve de papillon? Depuis quelques années, ce concept de "cocon" est devenu une réalité sociologique humaine qui englobe les comportements de repli sur un petit confort familial ou personnel.
Dans la lecture de mes textes, pour saisir vraiment tout le sens que j'y ai mis, il est préférable de se laisser toucher par la "couleur" des mots, par l'impression qu'ils génèrent, que par leur sens académique. C'est peut-être là la clé...
Très amicalement à toi.

Anonyme a dit…

Ah Hombre, j' avais bien pensé au nid au sens métaphorique du mot...
Je ne suis pas non plus une scientifique mais plutôt en voyage sur les mots...
Au début de cette page, j' étais partie avec les oiseaux ... J' ai été surprise par le boule de poils mais ce retournement, loin de stopper ma lecture, a provoqué en moi un retournement, une ouverture à laquelle je ne m' attendais pas... Rassure-toi, je n' ai pas hésité un instant à plonger dans cette nouvelle image... Et la sensation primaire à une première lecture a été en effet une perte de repère... Où en suis-je de mes déambulations? Puis, la joie de suivre ce méandre incompréhensible à la raison raisonnable... Sans doute est-ce à ce moment précis que, spectatrice, j' ai laissé tomber les barricades et suis

Anonyme a dit…

devenue le plus proche de ton monde ...
Comme quoi...
Un petit retournement et l' espace ouvert...
Tu me secoues à chaque passage, Hombre...
Ce n' est certainement pas pour me déplaire...
Réel bonheur que ces échanges,ces réveils, ces voyages aux vastes étendues...