18.9.06

un monde (4)

dessin d.m.



On arrive
de toute la forêt
de toutes les tribus
pour s’enivrer
des effluves
du monde de l’arbre
comme on dit
dans le langage
des hommes.
Par deux,
par petits groupes rieurs,
on se disperse
dans les buissons
opaques
fleuris
voilés
de coquettes
et douillettes
petites feuilles
vert acidulé.
On se glisse
fébrile
sous les rameaux
épineux,
on se tient
on se tire
par la main
et l’on chuchote
doucement
caresseusemment
à l’oreille
de l’autre
pour dire que oui,
c’est là,
qu’il fallait venir
pour se retrouver
pour se reconnaître
pour se donner
pour se prendre.







dessin d.m.




C’est à l’ombre
frémissante
accueillante
protectrice
fraternelle
du colosse
que se murmurent
les mots d’hommes
les mots de femmes
qui se tissent en serments
en hommages
en promesses
en mensonges aussi,
que les regards
se ferment
instinctivement
malgré soi
pour sentir mieux encore
la chaleur de l’autre,
que les doigts
se nouent
s’excitent
puis se libèrent
et courent au feu
dévorant
du corps de Lui
du corps de Elle,
que les bouches unies
moelleusement
au souffle tiède
des respirations contenues
se séparent
pour s’adonner
à une régalade
de sexe poivré
charnu
goûtu
offert
tendu
complice,
que de grands enfants
au menton à peine duveteux
tètent,
fiérots
et pour la première fois
un autre sein chaud
que celui
de leur mère,
que des filles
aux joues rouges
découvrent enfin,
après l’avoir tant rêvé,
tant imaginé,
le bâton dur
du mâle
dur et doux
fier et fragile,
le bâton
le tison incandescent
dont on attend
qu’il vous carbonise
jusqu’au fond
des entrailles,
qu’il vous comble
généreux
abondant
conquérant
de mille décharges
foudroyantes,
de celles qui transmutent
mystérieusement
la ladre glaise
en atomes d’or
au sein
du creuset
alchimique.








dessin d.m.



C’est à l’ombre
plus épaisse
plus dense
enfin silencieuse
du soir
que les silhouettes
fatiguées
repues
se séparent
fugitives,
vont rejoindre,
la tête pleine
de mots attrapés au vol,
pleine de goûts charnels
enlacés aux papilles,
la hutte familiale,
la cabane tranquille
quiète,
chaude peut-être,
mais que n’atteint pas
la grande marée
bouillonnante
qui a tout ravagé
tout blackboulé
aux heures
vivifiantes
de l’arbre.



« Des hommes sont venus » déposé à SACD/SCALA


av 4 suit

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Hommes et femmes sont venus déposer leur sève au pied de l' arbre protecteur...
Ainsi donc, cet arbre vivifiant donne même des ailes aux humains ... ;-)

Anonyme a dit…

...et aux humaines !