14.9.06

un monde (1)







dessin d.m.




L’arbre.
Ainsi le nomme t-on
dans le langage
des hommes
car il est l’arbre.
Plus qu’arbre
l’arbre
celui-ci
celui qui,
lui.

Pas exprès,
sans le savoir
par la nature des choses
il griffe le ciel
enroule
nonchalamment
les nuages gris
ou blancs
ou autres
à l’hérissement
de ses épines
hautes.

Car il s’élève
le bougre
de toute sa sève
de toute sa fluidité conique
de tout son élan fibreux
jusqu’au bout
du grandir clair
du grandir libre
du grandir élégant
et léger.

Car il respire loin
car il respire droit
car il respire
au souffle pur
des brises d’altitude,
car il caresse
là-haut
le ventre duveteux
des anges
et gluant
des chimères
qui rient
et se pâment
et font semblant
d’exister
juste
juste
pour lui faire plaisir
et l’étourdir
de jeux.

Pailleteux
grésilleux
irisé
aéré
évaporé
gribouillé
gracile
en son sommet
en ses extrémités
solubles
aux atomes
du vent
l’arbre,
lui,
celui que l’on appelle ainsi
dans le langage
des hommes
surgit du sein
du monde
colonne
inexpugnable
d’un bois
basaltique
granitique
imputrescible
indifférent
à la hargne
du temps
et aux voracités
xylophages.







dessin D.M.



 
Massif
énorme
planté,
la ronde de cent hommes
n’en ferait pas le tour ;
ses racines
vrilleuses
fouilleuses
noueuses
s’ancrent
profondément
âprement
aux masses sourdes
et insoulevables
des tréfonds
et des strates
oubliées.





"Des hommes sont venus" Texte déposé à SACD/SCALA

av 1 suit


5 commentaires:

Anonyme a dit…

je suis épatée! d'abord parce que c'est très beau et que ça a tout d'un cri d'amour qui vole au dessus du précipice... et puis, parce que j'ai choisi le thème de l'arbre pour les 2 jours qui viennent! avec un post au sujet du nom!

j'attends déjà la suite...

Anonyme a dit…

Camille, je te laisse un petit clin d'oeil sur ta "Lagunedune arborisée" de ce jour.

Anonyme a dit…

L' arbre debout étendard fort, il s' est élevé de la minéralité de le terre , s' est construit respiration après respiration, fractales d' échanges entre le sol et le ciel, processus d' incarnation toujours plus intense, toujours plus haut...
Cet arbre fier et joyeux se plaît même à chatouiller le ventre des anges et les entrailles même de la terre, fouillant et assoiffé de se lier à tout ce qui l' entoure... Et il joue, peintre permanent à défragmenter et révéler des mosaïques d' arc en ciel ( c' est du moins ce que je lis dans tes dessins...)dans l' air nourricier...
Une ronde de cent hommes n' en ferait pas le tour...
Cette petite phrase, je la sens comme une annonce d' événements à venir...
Contente de rouvrir tes tiroirs, Hombre...

Anonyme a dit…

Kaïkan, pour symboliser la puissance, la générosité de la vie, j'ai choisi un végétal, l'Arbre. Celui qui ne vit pas que pour lui mais qui protège le déroulement des autres règnes. Celui autour de qui on se retrouve, on se réconforte. Je l'ai voulu joueur, amical, accueillant. Comme un grand frère (ou une grande soeur). Quand on aura compris que tout ne se mesure pas en stères, en masse d'oxygène produit, mais en présence rassurante, notre retour à la "vie" aura bien progressé. Pour ce qui est d'être joueur, les jardiniers s'y connaissent en facéties arboricoles...
Merci à toi d'être venue écouter le conteur.

Anonyme a dit…

Un jour, je suis rentrée dans un châtaignier pour lui parler et il m'a écoutée. Une martre m'y avait précédée. ça sentait l'humus et la nature première, le champignon et la vie foisonnante...

Quand j'étais animatrice environnement, c'est le jeu de
l'arbe que les enfants des ZUP
préféraient. En choisir un, puis le reconnaître les yeux bandés. rares étaient ceux qui se trompaient, les plus pressés, les moins attentionnés, les plus frondeurs mais ils apprenaient vite.

On raconte que les arbres sont des êtres à l'envers...
l'arbre vénéré dans le Limousin, le châtaignier évidemment, l'arbre à pain qui évita bien des famines.

Un très beau livre sur les arbres:
"Histoire d'arbres des sciences aux contes"
de Philippe Domont et Edith Montelle, chez delachaux et Niestlé par l'office national des fôrets.

J'aime beaucoup le chêne, tortueux mais solide et la chevelure automnale des hêtres, l'arbre des fées, le bouleau ou l'arbre de la sagesse.

"Le charme du hêtre, c'est d'être à poil"
(les feuilles du hêtre sont finement poilues contrairement à celles du charme)

libre bulle pas tout-à-fait libérée