28.9.06

le fleuve des hommes (5)

dessin d.m.




Au cœur de l’arbre
plus rien
n’ose respirer,
l’immense houle humaine
ballotte
sur ses vagues
de plaisir
les corps chavirés
bringuebalés
emboutis.


La grande carambole
de l’amour
fracasse les ventres
et les têtes
et l’on geint
et l’on crie
et l’on gémit
et l’on râle
et l’on soupire
et l’on s’achève
et l’on en redemande.
Tout dégouline,
ça s’écoule
ça jaillit
ça gicle
ça transpire
ça se répand
ça ingurgite
ça dégurgite
ça inonde
ça déborde.
Et , comme si ça ne suffisait pas,
tout ce jus humain
par lequel se mijote
à pleines ventrées
l’avenir même
de la grande épopée,
on ouvre aussi les vannes
des boissons fermentées.








dessin d.m.




On n’a pas oublié
bien sûr
en même temps
que les troupeaux
de viande vive
d’apporter avec soi
des fûts
des tonneaux
des outres
des bassines.
Et l’on boit
on s’imprègne
les boyaux
de jus acides
aigres
de mixtures bouillonnantes
où se distillent
des saveurs entêtantes
de feuilles hachées
de racines noires.










dessin d.m.




Tirant l’autre
par les cheveux
on lui renverse la tête
et l’on vide à la louche
les liqueurs fumantes
magiques
au fond des gosiers
desséchés.
Et des flots
rouges et jaunes
s’échappent
débordent
s’écoulent
dans les cous
sur les poitrines
huileuses
sur les ventres
encore ouverts
encore tendus
et l’on rit
on se taquine
on se pétrit à pleines mains
massant les chairs
de ces liqueurs alcooliques
et l’on s’enlace
à nouveau
et l’on refusionne
et de nouvelles vagues
de jouissances
submergent
les corps
enivrés.



« Des hommes sont venus » extrait 11 Texte déposé à SACD/SCALA



av 11 suit

4 commentaires:

Anonyme a dit…

D' orgies et d' astralité, Hombre ces deux dernières scènes, libres d' air, de feu, de vie...
Dégoulinantes de désir et de plaisirs assouvis ...
Mais je suis une grande amoureuse et cherche en vain la lueur d' amour trancsendé... et je rêve que cette jouissance s' auréole du coeur aussi...

Anonyme a dit…

Kaïkan, dans cette scène, comme au cours des Carnavals" d'antan, tout se passe dans la jouissance et le don total de l'instant. Mais il y a du coeur, il est même omniprésent ! Désirer l'autre c'est déjà l'aimer dans ce monde simple où cueillir le fruit à l'arbre est acte d'amour à la Vie... Surtout quand le fruit hurle du désir de la croquaison !
Et puis, regarde, ces tribus qui se retrouvent à date rituelle pour jouer le grand jeu de la fécondation universelle...

Anonyme a dit…

"hurle du désir de la croquaison!"
ça, ça vaut le détour!
merci l'ami!
c'est le sourire du jour!:-)

ces libations témoignent d'une bonne santé! Henri Laborit racontait que si nous ne nous étions pas encagés de toutes ces règles de société, la maladie n'existerait pas! car la frustration n'aurait pas à se défouler sur nos chairs... celles-ci respireraient mieux sans être corsetées! Allez balançons, pagnes et soustifs! Virtuellement s'entend, virtuellement ! :-))))

Anonyme a dit…

Camille, pour ton 1er message, je te dirais que j'ai choisi de mettre en scène une Humanité qui n'a pas encore été bridée dans des des carcans de moralité publique castratrice, en tout cas, chacun jouit de grands espaces de Liberté non tabouisés. J'ai voulu montrer cette Humanité des débuts (peut-être est-ce pure imagination...) en plein exercice de ses appétits, de ses déchaînements. Mais attention, plus "naturelle" ne veut pas dire plus douce, moins violente... Elle semble avoir trouvé des stratagèmes de dilution des tensions. Ce rendez-vous rituel et orgiaque en est un... Cela empêchera t-il tout conflit potentiel? Vivons d'espoir !

Pour Silicium, tu as dû lire le petit texte en début de l'ouvrage. C'est vraiment une plaie ouverte. Donc à lire en connaissance de cause... Je te suis dans les méandres de "ton" plafond, Camille... Moi, c'était enfermé dans le poulailler, avec volailles et lapins (et araignées !!!) J'y ai heureusement acquis un amour immodéré des animaux. Fraternel même.
Je te remercie infiniment de tes visites. Bonne journée à toi aussi.