30.10.06

l'heure de gloire (4)

dessin d.m.





Sur un petit mamelon,
barbu d’une herbe sèche,
un petit garçon
tout nu, assis,
une feuille de papier
sur les genoux,
un crayon multicolore
dans la main.
Il dessine.
Une petite fille,
nue aussi,
tournicote
autour de lui
comme une mouche
agaçante.








dessin d.m.




« - Qu’est-ce que tu dessines ?

- Ben, je dessine la fête, là-bas
et le gros arbre au milieu.


- Je peux regarder ?

- Pas encore, j’ai pas fini.

- Y’a quoi, sur ton dessin ?

- Ben, y’a l’arbre, je t’ai dit,
y monte jusqu’au ciel
il est bleu, le ciel
il est vert, l’arbre.
Tout en bas de l’arbre
y’a les papas
et les mamans
et tous les gens.


- Qu’est-ce- qu’y font
tous les gens
les papas, les mamans ?


- Ben, y sont là,
en bas de l’arbre,
y dansent
y chantent
y crient.


- C’est tout c’qu’y’a,
sur ton dessin ?


- Non, y’a aussi
des écureuils
des oiseaux
de toutes les couleurs
et des scarabées
et des fourmis !
Y sont tous dans l’arbre
et y regardent la fête ! »









dessin d.m.





Bien sûr,
de son petit mamelon
barbu d’herbe sèche
il ne peut voir les écureuils
les oiseaux, les fourmis, les scarabées,
mais il est venu tant de fois
jouer à l’ombre
fraîche du monstre,
mais son grand-père
lui a tant raconté
le monde de l’arbre
qu’il n’a pas besoin
de voir l’écureuil
l’oiseau, la fourmi
le scarabée
pour les dessiner,
de son crayon
multicolore,
volant
cabriolant
rampant
tiraillant de lourdes brindilles.


Il les sait,
il les dessine
avec son cœur.


La petite fille toute nue
s’immobilise devant lui,
interposée juste
entre le dessin et l’arbre,
déhanchée,
tête inclinée,
tout sourire.


« - Je peux le voir
ton dessin, dis ?


- Pousse-toi,
tu me caches…
Hé ! regarde !
L’arbre ! Y danse !
Regarde, l’arbre
Y s’approche !
Y s’approche ! »








dessin d.m.






La petite fille se retourne
frémit
serre sa tête
entre ses mains crispées
et hurle
et poignarde
l’espace
de son cri
qui n’en finit plus.





« Des hommes sont venus » Texte déposé à SACD/SCALA

av 21 suit

7 commentaires:

Anonyme a dit…

Oh non; Hombre, ne me dis pas que l' arbre est vaincu, ne me dis pas qu' il va entraîner dans sa chute l' âme des enfants ... Il s' est lié à moi dans le chant, m' a insuflé sa sève dans les veines et je chante au coeur de la chute ... Je chante mais ne romps pas, je dilerai cette séve à même le sol, le chant entrera sous terre pour mieux féconder le monde ... Mais cela, Hombre, ne le dis à personne sans quoi le monde risque de devenir une sacrée tranchée ...

Anonyme a dit…

Ma Kaïkan, je m'en veux de te rendre triste. Mais je raconte le monde comme je le vis. Alors... A ce sujet, si tu veux avoir un témoignage poignant de l'état du monde, ce soir sur France 2, 20h50, le premier volet du reportage de Yann Arthus Bertrand: "Vu du ciel". Tu verras si j'invente les arbres qui tombent et une planète entière qui vascille sur ses bases.... Mais tu verras aussi des gens debout, qui se battent pour éviter la catastrophe.
Je chante avec toi, Kaïkan, et je t'embrasse fraternellement.

Anonyme a dit…

J' ai lu ton commentaire et reçu ton mail juste avant l' émission, Hombre, merci...
Ciel que la nature est belle et exangue quand nous voyons les risques que l' homme lui fait encourir ... Mais les premiers fautifs ne sont certes pas ces pêcheurs qui pour se nourrir attrappent les perches ou ... ou ... La responsabilité vient sans nul doute du déséquilibre économique et de nptre inconscience de pays " civilisés " ... Juste une image furtive d' usine ...
Une prase clé que je fais mienne Détermination au quotidien, avec les moyens du bord ... Et je chante, Hombre, Je chante plusque jamais ...
Impressionnant aussi cette partie du pöle qui sous son apparence d' intouchabilité est en réalité l' une des plus polluées ... Que faire, Hombre ? Comment faire ?

Anonyme a dit…

Je reviens me ballader dans tes tiroirs Hombre ... Quelle belle lumière ont tes derniers dessins ... Cette intense clarté m' avait déjà impressionnée il y a trois jours mais je réalise que je ne te l' avais pas dit ... Merci pour cette lumière, Ami ...

Anonyme a dit…

Salut, Kaïkan, tu as raison, pour réaliser ces derniers dessins, je me suis mis à la place du petit garçon, avec son chouette regard d'enfant pur, tellement pur qu'il croit voir danser les adultes au pied de l'Arbre et rire les animaux aux jeux des hommes. Et je sentais le vent frais et léger se glisser dans l'herbe et j'avais envie de rire avec ces enfants. Voilà d'où vient cette luminosité. Je te l'offre bien volontier !

Anonyme a dit…

Wouaw, et comment que j' accepte ce cadeau ... Il me met de la joie au coeur ... Bonne soirée à toi, Hombre ... ;-)

Anonyme a dit…

Joli conte vu par des yeux d'enfants, des mains d'enfants, par l'innocence de l'enfance.
Amicalement